Le fonds patrimonial
La Médiathèque de Haguenau possède plus de 20 000 ouvrages datant d’avant 1950, disponibles à la consultation. Au titre des singularités s’y des manuscrits et des imprimés parmi les plus anciens jamais pressés en Europe.
L’ensemble est disponible sur le catalogue et sur le site du CCFR suite à un gros projet de rétroconversion amorcé en 2019 et financé par la Communauté d’Agglomération de Haguenau, la Bibliothèque nationale de France et la DRAC Grand Est.
Les plus anciens ouvrages forment le fonds précieux, qui comprend des manuscrits et imprimés des XVIe au XVIIe siècle et des incunables, les premiers ouvrages imprimés au XVe siècle suite à l’invention de Johannes Gutenberg.
Le reste forme un ensemble encyclopédique, couvrant un très vaste panel de sujets.
Parmi eux, tous ceux traitant de la région ont été séparés dans un fonds dit "alsatique", pour leur intérêt éminemment local.
Comment les consulter ?
Les documents appartenant au fonds précieux (manuscrits, incunables, imprimés jusqu'au XVIIIe siècle inclus) sont consultables sur place uniquement sur rendez-vous.
Une demande justifiée doit être adressée à la médiathèque de la Vieille-Île par mail.
Quelques documents du fonds
Grammatica
Si les premiers imprimés apparaissent au XVe siècle, leur contenu peut être bien antérieur : c’est le cas de cette grammaire hébraïque.
Écrite par le rabbin Kimhi Moïse au XIIe siècle, elle est imprimée en 1519 par Thomas Anshelm, deuxième imprimeur à s’être installé à Haguenau.
Seul le préambule est en latin, l’ensemble de l’ouvrage est imprimé en caractères hébreux et se lit de droite à gauche.
La volonté de se plonger dans les sources antiques, caractéristique de la Renaissance et de l’humaniste, transparaît ici pleinement à travers l’utilisation de trois langues sur la même page : le latin pour le texte du colophon, le grec et l’hébreu (tous deux pour le mot Jésus) dans la marque d’imprimeur.
Kimhi, Moïse, Rabi Mose Kimhi in introductorio grammaticae, Thomas Anshelm, Hagenau: 1519. Cote : XVI M 190
Encyclopédie manuscrite
Cette encyclopédie manuscrite, écrite par une seule personne, fait partie des plus curieux ouvrages conservés à la médiathèque.
On y trouve, en latin et en français, des chapitres détaillés sur de nombreux sujets : sciences, histoire, généalogie ou encore musique et chiromancie (l'art de lire les lignes de la main).
Les articles les plus surprenants détaillent un tour de passe-passe consistant à faire disparaitre une « musquate » sous trois gobelets ou une recette de fusée d’artifice.
L’auteur est un inconnu dont le nom apparaît sous diverses orthographes (Rémon, Rémouy, Rémoy…).
La présence d’un arbre généalogique des rois de France, dont le dernier cartouche contient le nom de Louis XIV sans date de naissance, conjugué à d’autres indices laisse à penser qu’il l’aurait écrite au début du XVIIe siècle.
Rémoy, J, [Encyclopédie], [s.l.]:c.1619. Cote : Ms 3.14
Encyclopédie de Diderot
La volonté de rassembler les connaissances et d’instruire se traduit rarement aussi bien que dans la fameuse Encyclopédie de Diderot et D’Alembert.
Présentant 72 998 articles, sa confection nécessita 21 ans, 17 volumes de texte, 11 de planches illustrées et fit appel à plus de 200 collaborateurs.
Son succès fut mis en péril par la censure royale et religieuse, qui y voyait une œuvre subversive car, dans l‘arbre des connaissances qui y figure, l’Homme est placé au centre de l’univers à la place de Dieu.
La Médiathèque de la Vieille-Île conserve l’édition in-folio de l’Encyclopédie, publiée à partir de 1751, dans sa quasi-complétude.
Ses volumes de planches sont régulièrement exposés au Musée Historique de Haguenau.
Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences et des métiers
Cote : K/f 7002
Poème culinaire
La poésie s'insinue partout, jusque dans nos gosiers grâce à ce recueil de poèmes intitulé À table : sonnets.
Publié en 1894, ce petit volume (une dizaine de sonnets) propose des rimes truculentes sur des thèmes aussi évocateurs que la choucroute, le poulet marengo ou la bisque d’écrevisses.
Son auteur, Eugène Corréard (1834-1906), fut un artiste prolifique écrivant sous divers pseudonymes (Eugène Dalzac, Philippe Kerr…).
Haguenovien, il fait une carrière politique en France de l’intérieur et retourne en Alsace après la défaite de 1870, consacrant son temps à la confection de multiples œuvres : fables, contes, nouvelles, romans, pièces de théâtre, partitions, peintures…
Si quelques-uns de ces écrits furent publiés, de nombreux restent à l’état d’ébauches manuscrites.
La Médiathèque de la Vieille-Île en conserve une grande partie dans son fonds de manuscrits.
Cote : E/f 2037